Dans les Hauts-de-Seine, le Medef prépare les patrons à la garde à vue
Par robby le dimanche 27 février 2005, 16:21 - Revue de presse - Lien permanent
" CONVOQUÉ par la police, habillez-vous d'un jogging, enlevez votre cravate et prenez des chaussures sans lacet ; revêtez un pull chaud, les cellules ne sont pas chauffées ; ne prévenez surtout pas votre conjoint ; durant l'interrogatoire, dites-en le moins possible... " Cette note du Medef des Hauts-de-Seine figure en bonne place sur les bureaux de dirigeants d'entreprise du département qui concentre, dans le périmêtre du redouté tribunal de Nanterre, le plus grand nombre de siêges sociaux d'Ile-de-France, aprês Paris. Elle apporte des conseils pratiques pour préparer les patrons à leur récente phobie : l'éventualité d'une garde à vue dans le cadre de leurs activités professionnelles.
La possibilité d'être " cuisiné " pendant 48 heures au poste de police, suite au dépôt d'une plainte d'un collaborateur ou d'une dénonciation au parquet, est désormais sérieusement prise en compte par les chefs d'entreprise.
En quoi un dirigeant peut-il être inquiété par les services de police ? Pour Sylvain Niel, avocat en droit social de Levallois-Perret, " les raisons ne manquent pas. Délits d'entrave, de travail dissimulé, d'obstacle à l'inspection du travail, de harcêlement et de mise en danger d'autrui sont autant d'infractions sévêrement sanctionnées. Sans parler du classique abus de bien social que nous pratiquons tous en utilisant la voiture de fonction pour le week-end. L'instauration de peines de prison pour ces délits permet aux officiers de police judiciaire et aux magistrats d'utiliser des moyens coercitifs tels que l'arrestation et la garde à vue ".
Le Medef des Hauts-de-Seine vient d'organiser une séance de " training " pour préparer une centaine de cols blancs à affronter l'univers interlope d'un commissariat, d'une cellule de rétention, à mille lieues du confort feutré de leurs bureaux de la Défense. La réunion était animée par un certain Charles Pellegrini, ex-chef de l'Office central de répression du banditisme. Pour l'homme qui est aujourd'hui gérant d'une société prospêre de sécurité, la meilleure méthode pour se préparer à une garde à vue est d'envisager le pire : " Même si on ne torture plus dans les commissariats, le policier qui vous interrogera n'aura que faire de vos états d'âme. Il cherchera à attendrir la viande en vous posant quarante fois la même question. Alors, allez-y décontracté ! Si vous êtes innocent, vous êtes sûr de sortir rapidement. "
L'ancien commissaire divisionnaire dispensa aux patrons une ultime recommandation : " Evitez l'erreur de faire état devant le policier de protections. Surtout, ne prononcez pas de phrases du genre "Je prends mon petit-déjeuner avec Sarkozy" ! De toute façon, vous ne serez jamais soutenus par vos relations. "
Jean-Pierre Dubois