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Irritation. "Il n'y a jamais eu de date fixée. C'était un souhait, a-t-il corrigé mercredi soir, si ce n'est pas possible, ce n'est pas possible. Le désengagement doit être concerté avec les alliés." Entre les deux déclarations, le chef du gouvernement italien a reçu un coup de téléphone de George Bush qui l'a visiblement invité à réfléchir. Quant à Tony Blair, il n'a pas caché son irritation devant les affirmations de Silvio Berlusconi. Celui-ci avait en effet associé le Premier ministre britannique à son tournant politique en indiquant : "J'ai parlé (du retrait) avec Tony Blair et c'est l'opinion publique de nos pays qui attend cette décision."

Tout au long de la journée de mercredi, les communications entre Rome, Londres et Washington ont, semble-t-il, été électriques. Car Silvio Berlusconi n'avait apparemment averti personne de son annonce. Finalement, au cours d'une conférence de presse, Bush a indiqué mercredi : "Silvio Berlusconi m'a assuré qu'il n'y avait aucun changement de sa politique." De son côté, Blair a tenu à préciser : "Ni le gouvernement italien ni nous n'avons donné de date limite pour notre retrait d'Irak", ajoutant même "nous devrons nous retirer quand le travail sera fait, pas avant".

Berlusconi a compris le message et choisi, donc, de tirer le frein à main en assurant qu'il n'y aura pas de retrait unilatéral. Hier, pour justifier son revirement, il a accusé la presse d'avoir déformé ses propos : "Je n'ai rien corrigé du tout, a-t-il insisté, le soi-disant cas irakien est dû à la désinformation de certains organes de presse qui sont intellectuellement malhonnêtes." Reste que même Il Giornale, le quotidien de la famille Berlusconi, annonçait mercredi matin en gros titres : "Le retrait d'Irak commence en septembre" !

Manque de responsabilité. "Il n'y avait aucune possibilité de voir dans mes propos un tournant, un changement ou quelque chose qui puisse être en décalage par rapport à ce que nous avons toujours dit avec nos alliés", a poursuivi hier Berlusconi, qui avait annoncé le retrait à partir de septembre à quelques jours d'importantes élections régionales et alors que 70 % des Italiens sont favorables à un rappel du contingent de 3 300 hommes, basé à Nasiriya dans le sud de l'Irak. Hier, l'opposition est montée au créneau pour dénoncer le manque de responsabilité du président du Conseil, le leader de la gauche, Romano Prodi, allant jusqu'à affirmer : "Il est clair que le chef du gouvernement s'est fait gronder"... par les Américains.

article original paru dans Libération le vendredi 18 mars 2005
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