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Comment se fait-il que les francophones se soient constitué leur propre vocabulaire informatique?
Avec la création du mot ordinateur en 1955, l’informatique a bénéficié d’une perspective d’évolution langagiêre privilégiée. Les termes de l’informatique sont souvent des traductions du mot anglais correspondant, comme “disque dur” pour “hard drive”, mais certains termes sont créés de toutes piêces. De ceux-ci dérivent parfois d’autres mots. “Informatique” par exemple, qui est un mot-valise, une contraction de deux termes. Une fois que la notion a été parfaitement assimilée par tous, il y a eu troncation du mot pour n’en garder que la fin (-tique,) qui a servi à la conception de nouveaux mots, comme domotique par exemple. Quand on entend ce terme, on l’associe immédiatement à l’idée d’informatique.
Dans les années 1970, on a créé “logiciel”, synonyme de “programme” restreint à la sphêre informatique. De “logiciel” sont venus “progiciel” ou “didacticiel”, dont on comprend tout de suite le sens. Les mots peuvent se décliner en séries.

Pensez-vous qu’il faille à tout prix créer des équivalents français aux termes anglais?
Ce n’est pas indispensable. Certains mots anglais se fondent três bien dans la langue française et je ne vois pas d’objection à les utiliser. Les Québécois sont três investis dans la défense de la langue française et sont souvent les premiers à proposer un équivalent français aux mots anglais. Ils se sont notamment battus pour que les fabricants d’ordinateurs américains intêgrent les accents aux claviers d’ordinateurs. Pour “e-mail”, ils ont créé “courriel”, adopté ensuite par la délégation de la langue française. Puis “pourriel” pour “spam”. Pour eux, c’est une façon de préserver la langue française d’une invasion par l’anglais. En France, cette question nous préoccupe forcément moins.
Et puis ce n’est pas gênant d’utiliser des mots anglais en français, mais c’est une richesse stylistique supplémentaire d’avoir un équivalent français. La langue anglaise est dotée de ce double systême depuis l’occupation française : deux mots d’origine différente pour exprimer la même idée, comme “cleaver” et “intelligent”, ou “mind” et “spirit”. Parfois, des mots nous reviennent en ayant pris une tonalité anglaise, comme “flirt” qui vient en fait de notre expression “conter fleurette”.

La langue française connaîtra-t-elle de nouvelles évolutions avec l’essor d’Internet?
Internet est à coup sûr une révolution qui modifiera nos pratiques langagiêres. Malheureusement, ce ne sera peut-être pas en bien. Chez les jeunes notamment, la pratique assidue du chat - dont dérive le SMS - a des effets três négatifs sur l’orthographe et la syntaxe, ce qui peut vite devenir un objet de fracture sociale entre les jeunes. Un adolescent dont l’orthographe n’est déjà pas três assurée risque de sombrer dans l’illettrisme, or l’orthographe et la langue constituent une norme dont il ne faut pas sortir. Il manque une certaine déontologie à l’Internet.
Certaines nouveautés apparues avec le net sont par contre positives. Les “smileys” (petites images qu’on insêre dans les conversations sur l’Internet) constituent par exemple un code qui vient s’ajouter au code traditionnel de la phrase et l’enrichit. Les ajouts sont positifs, mais il faut lutter contre ce qui déforme et appauvrit la langue.