logolibePar Judith RUEFF

"La performance de Bush la semaine derniêre restera comme l'une des pires d'un président américain face à une situation d'urgence nationale." Le "New York Times" n'a jamais été fan du président républicain. Avec Katrina et La Nouvelle-Orléans sous les flots, le quotidien américain de gauche tire à boulets rouges sur le "number one" dans un éditorial publié lundi. "Incompétence", "indifférence à la souffrance", aucun terme n'est assez dur pour souligner "l'ampleur de l'échec du leadership présidentiel". Les cadavres jetés dans des chaises roulantes, laissés en décomposition ou flottant sur le fleuve en crue, les dizaines de milliers de personnes entassées dans des abris de fortune? "Le président avait l'air de ne rien voir", fustige l'éditorialiste du Times. "Il aurait vu si la majorité de ces gens frappés par le malheur avaient été Blancs et riches", continue l'article. "Mais ils ne l'étaient pas. La plupart étaient Noirs et pauvres et par conséquent, toujours invisibles aux yeux de l'administration Bush."

La polémique sur la molesse de la réaction de George Bush aprês le passage du cyclone ne fait que commencer dans la presse américaine. Elle promet de durer, alimentée par les soupçons de racisme d'une grande partie de l'opinion publique. Comme l'ensemble des journaux, "USA Today" souligne lundi que le chef de la Maison Blanche a attendu deux jours pour interrompre ses vacances au Texas.

Le "Washington Post" prévient lundi : "L'ouragan Katrina pourrait s'avérer comme le test définissant son second mandat, comme les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre en Irak l'ont été pour son premier". L'article rappelle que, cette fois, le président des Etats-Unis a pris le choc en position de faiblesse, avec une majorité de compatriotes devenus hostiles à la campagne militaire irakienne et le prix de l'essence en hausse. "Bush n'a pas bénéficié du sentiment de ralliement qui a suivi le 11 septembre, alors que les Américains, confrontés à la tragédie et aux dévastations, avaient trouvé un but commun dans la revanche contre ceux qui les avaient attaqués", analyse le journal.
"La colêre du public aprês les attentats se concentrait sur Oussama ben Laden et les terroristes. Même en Irak, il y a un ennemi clairement défini. Le long du Golfe du Mexique, Bush n'a pas d'ennemi commun à combattre -seulement un ouragan qui est venu et reparti. Cette fois, la colêre est dirigée contre Bush et son administration comme jamais depuis le début de sa présidence."

La presse libérale ne se contente pas d'attaquer l'inertie présidentielle. Elle réclame un changement drastique de politique, avec la fin des baisses d'impôts qui mettent l'Etat fédéral dans l'impossibilité de faire face à une crise majeure. "La guerre en Irak a-t-elle drainé toutes les ressources dont l'Amérique a besoin pour prévenir les inondations?" s'interroge perfidement l'éditorial de l'"International Herald Tribune". Et il exige que Bush mette le hola à ses projets de coupes sombres budgétaires et de réductions des programmes sociaux. "Le Congrês et le président feraient bien d'entendre le message : l'Amérique vit un moment extraodinaire. L'anéantissement de La Nouvelle-Orléans est le signe irréfutable que la fête nationale de la baisse des impôts est finie."

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