«L'assistance médicale à la procréation (AMP), selon la loi de la bioéthique, révisée en 2004, est destinée à répondre à la demande parentale d'un couple. Elle a pour objet de remédier à l'infertilité [...] médicalement diagnostiqué[e] ou d'éviter la transmission à l'enfant ou à un membre du couple d'une maladie d'une particulière gravité». 

Par ailleurs, la loi précise : «L'homme et la femme formant le couple doivent être vivants, en âge de procréer, mariés ou en mesure d'apporter la preuve d'une vie commune d'au moins deux ans.» 

Limite d'âge 

Les médecins spécialistes déconseillent aux femmes de plus de 42 ans d'avoir recours à l'AMP. L'Assurance maladie ne rembourse pas les traitements de la stérilité au-delà du 43e anniversaire de la femme.

14 % des couples 

en France ont consulté un jour pour une question d'infertilité ou de difficultés à concevoir.

100 000 embryons 

ont été conçus par FIV (fécondation in vitro) en 2004 ; 60 % ont fait l'objet d'un transfert utérin ou ont été congelés en vue d'une implantation future.

L'insémination 

artificielle intra-utérine

avec spermatozoïdes du conjoint représente 45 % des AMP. En 2004, il y en a eu plus de 48 000, aboutissant à la naissance de 4 786 enfants. Les fécondations in vitro (FIV) représentent autour de 4 000 naissances par an.

807 400 naissances 

ont eu lieu en France en 2005, après 800 240 en 2004. L'âge moyen de la mère est de 29,7 ans.

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Limites

En 2005, plus de 1 % des enfants nés en France ont été conçus par des moyens différents de ceux, rustiques mais éprouvés, qui existent depuis des centaines de milliers d'années. Ce n'est pas tout à fait de la production de masse, mais encore un phénomène marginal dont la part ne peut qu'augmenter à l'avenir. Deux phénomènes se rejoignent dans cette tendance. Comme toutes les technologies, la procréatique offre et offrira des possibilités toujours plus étendues d'intervention. D'autre part, les limites prétendues «naturelles» sont et seront de moins en moins tenues pour inéluctables.

La demande sociale rencontre ainsi la ressource technique, et sans doute s'en nourrit-elle. Le désir d'enfant est aussi un artefact social qui ne peut pas ne pas refléter les possibilités objectives offertes par la société à la construction et à la réalisation des diverses postures subjectives. De même que le choix de rester sans descendance ­ pour des femmes comme pour des hommes ­ a été légitimé au cours des décennies écoulées, de même celui de procréer dans des circonstances encore inédites s'impose et s'imposera peu à peu.

Il faut se réjouir que la science médicale soit capable de soulager des détresses qui échappaient voici peu à son emprise. Face à cela, l'empressement à réclamer des «garde-fous» face à un désir d'enfant «à tout prix» semble terriblement puéril. Quelques cas spectaculaires sont montés en épingle : une accouchée de 67 ans, pensez donc ! Mais le problème moral d'un procréateur mâle «naturel» du même âge ne semble troubler personne (faudrait-il le stériliser ?). En fait, on peut penser que la législation française est, dans son état actuel, trop restrictive. Par exemple, la loi péremptoire et précipitée sur les «mères porteuses» ne pourra régler longtemps la question de la «gestation pour autrui». Dans un domaine aussi changeant que la biologie moderne, il est absurde, et néfaste, de prétendre à autre chose qu'à une morale provisoire.

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