Chez Dive Spirit Fakarava, vous êtes chanceux : Don Matias, le directeur de plongée, inventeur de la plongée en Polynésie sait tout, contrôle tout, connait tout, et il va vous soigner !

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Dès votre arrivée, il commence par se jeter sur votre ordinateur de plongée pour y changer les paramètres (c'est illégal, personne ne devrait toucher à votre ordinateur à part vous). Une fois l'algorithme passé à "RGBM 50%" pour avoir moins de paliers - c'est plus confortable pour lui -, on peut aller plonger. Le seul hic c'est qu'on touche ici à la sécurité : si vous avez plongé la semaine précédente avec un algorithme "RGBM 100%", en abaissant ainsi les contraintes, on laisse une faille béante qui peut précipiter un accident de décompression (heureusement cela ne m'est pas arrivé, j’ai eu de la chance).

J'ai visité ce club avec deux amis débutants (niveau 1), qui avaient seulement une poignée de plongées à leur actif et les dernières remontant à plusieurs mois. Normalement, dans ce cas, le directeur de plongée organise une plongée de réadaptation (« refresh dive »), dans des conditions optimales de sécurité (pas de courant, peu de fond, etc.) pour s’assurer que tout va bien. Je pensais qu’elle aurait lieu devant le centre, dans le lagon, et j’ai été sidéré de constater que la première plongée prévue était directement dans la passe de Garuae, potentiellement dangereuse, avec de forts courants et 700 mètres de fond, à 20 minutes de navigation du centre. Je suppose que c’est bien plus rentable d’emmener tout le monde dans la passe tous les jours : on peut ainsi quasiment « obliger » les clients à faire deux plongées (le bateau de dive spirit ne retourne au centre qu’après la deuxième plongée). Heureusement tout s’est bien passé (mes amis étaient assez dégourdis), mais je vous laisse imaginer ce qui aurait pu se passer avec des débutants en panique pour leur première plongée dérivante…

Une fois sur place, Matias m’annonce que je dois sauter en bascule arrière avec mon appareil photo à cause du courant (rappel de sécurité: on ne lance pas des débutants dans du courant fort…) : un véritable suicide pour le matériel (la pression est trop forte lors d’un saut, le joint du caisson a toutes les chances de céder). Je refuse, bien évidemment (je fais de la photo sub depuis 4 ans, suis instructeur photo à la FFESSM, et je peux vous assurer que dans tous les clubs du monde on vous passe l’appareil une fois dans l’eau). Matias me suggère alors de le laisser pendre dans l’eau au bout de son câble de sécurité (une sorte de leash que j’utilise pour ne pas risquer de le perdre). J’obtempère à contrecœur, l’appareil passe sous le boudin du zodiac dès sa mise à l’eau, et quand je le récupère (une fois moi aussi dans l'eau), c’est l’horreur : le caisson est vide, il s’est ouvert je ne sais comment en frappant contre le zodiac, et l’appareil à l’intérieur a disparu ! Un grand moment de solitude que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi ! Matias décide de laisser le caisson vide dans le zodiac - il ne sert plus à rien pour cette plongée - , il fait signe au pilote du bateau, celui-ci navigue vers nous rapidement… et récupère le matériel tout simplement : ce qui n’était absolument pas possible (me passer l’appareil après la mise à l’eau), le devient comme par enchantement ! (Matias est aussi un magicien, j’avais oublié de vous le préciser).

Parlons quand même aussi de l’ambiance (ou plutôt de son absence) de ce club : elle est de style "établissement pénitentiaire en conflit avec une agence de croque-morts", avec toutes les options "fais pas ci, fais pas ça » de rigueur : il y a même un tableau pour écrire sous l’eau les ordres du directeur de plongée (on y a droit en permanence), du style « monte, descends, rapproche toi, ne touche pas au corail de feu, etc. ». On a souvent l’impression que Matias s'ennuie sérieusement sous l’eau, et même sur terre, son sourire est manifestement quelque chose d’aussi précieux qu’un avant-centre du Barça tellement il est protégé de toute manifestation spontanée. Bref, à part Ariane, qui semble plus sympathique mais qui ne plongeait pas ce jour là, on très loin de l’ambiance qu’on peut trouver dans les clubs en Égypte, en Thaïlande, en Malaisie, aux Maldives, bref partout ailleurs ou j’ai plongé (en fait, pour tout vous dire, c’est probablement le pire club que j’ai rencontré en 8 ans de plongées partout dans le monde).

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Je vous recommande donc d’éviter ce club à tout prix, pour son ambiance, bien sûr, mais surtout à cause des sérieuses failles de sécurité dans ses procédures, et de vous précipiter vers la passe sud, infiniment plus riche, et où l’ambiance au Tetamanu Village est vraiment « du tonnerre » (de plus, le club est directement dans la passe, ce qui évite les 40 minutes de bateau pour y aller et en revenir : dans la passe sud, c’est 40 secondes de bateau avant de sauter !). Voir aussi ma critique du Tetamanu sur Trip Advisor.

Si vous tenez quand même à faire la passe nord, il y a d’autres clubs probablement bien plus sympathiques (je ne les ai pas essayés) : O2 Fakarava, un club tout récent avec du matériel tout neuf), Top Dive, Te Ava Nui.

(Pour information, j'ai effectué 370 plongées sur les 5 continents depuis 2008, je suis niveau 4 (guide de palanquée), et instructeur photo FFESSM).