Al Gore, “l’ex futur président des états-unis” comme il le dit lui-même, vient de faire paraître un essai intitulé “The assault on reason” (“La raison assiégée”, Seuil).

Il faut lire ce livre pour comprendre l’ampleur du malaise politique suscité par le gouvernement républicain de George Bush aux Etats-Unis. En huit chapitres présentés comme programmatiques - La politique de la peur, Aveugler les fidèles, La commodité du mensonge, L’atteinte à l’individu, Insécurité nationale, La crise du carbone, La démocratie en danger - Al Gore lui reproche d’avoir bafoué les principes mêmes des « pères fondateurs » de la démocratie américaine : citant abondamment Thomas Jefferson, Abraham, Abraham Lincoln, Thomas Paine. Pour Al Gore, les républicains ont abandonné le terrain rationnel et le débat d’idées pour promouvoir une politique de l’affect, du lyrisme nationaliste et de l’invocation religieuse. Il montre aussi le rôle décérébrant de la télévision dans ce processus – quitte à être parfois caricatural -, inquiet que les campagnes électorales se réduisent désormais à des spots de trente secondes dignes des telenovelas. Avec ce livre étayé et féroce, Al Gore le prix Nobel « vert » revient comme un homme politique national décidé à réformer la démocratie américaine.

Voici des extraits, publiés dans Le Monde 2 le 18 octobre 2008.