logolibe

Le principe est simple, un employeur propose le poste à pourvoir en fixant un salaire maximum pour la mission. Les internautes enchérissent à la baisse. Le chômeur qui propose le salaire le plus bas remporte le travail. Fabian Löw, 31 ans, l'un des fondateurs de Jobdumping, se défend d'être un horrible libéral. "1 300 personnes ont trouvé un travail grâce à nous, ce n'est pas si mal, dit-il. La presse allemande nous traite de tous les noms, mais je m'en moque. Personne n'est lésé, on met en contact des gens, pour un salaire négocié et accepté par les deux parties."

Selon lui, Jobdumping est quasiment une oeuvre de salut public. "J'ai été travailleur social, j'accompagnais les gens en leur disant : "Il n'y a pas de travail", raconte-t-il. Aujourd'hui, j'ai décidé de vraiment les aider à retrouver du travail." Et selon lui, tout est bon pour lutter contre le chômage qui culmine à 12 %. Y compris, et surtout, faire baisser les salaires.

Engluée. "Les salaires allemands sont trop élevés et, si l'on ne fait rien, nos voisins polonais ou tchêques finiront par prendre tout le travail", poursuit Fabian Löw. Le fondateur du site n'hésite pas non plus à critiquer la société allemande, qui serait un peu engluée dans son confort : "On vit avant de travailler, en Allemagne. Un peu comme en France, non ?" Les syndicats allemands ont réagi três négativement. Certains mettant en ligne des contre-sites qui répertorient, par branche, le salaire minimum exigible. Des experts travaillant sur l'instauration d'un salaire minimum ont aussi dénoncé le mécanisme des enchêres inversées : "En dessous de 7,50 euros de l'heure, on ne peut pas vivre de son travail en Allemagne."

Mais les fondateurs de Jobdumping se défendent de pratiquer un "capitalisme de vautours" : le site permettrait de rechercher des salariés qui disposent de qualifications ou de diplômes professionnels particuliers, en les valorisant. La qualification est un dogme pour les Allemands.

Pour l'instant, le site n'existe qu'en Allemagne, même si ses fondateurs songent à l'exporter. C'est que ce systême d'enchêres inversées colle parfaitement au contexte local. Des salaires moyens conventionnels assez élevés, peu d'emplois de services, ou occupés généralement par des immigrés, peu de flexibilité, quasi-inexistence de l'intérim. Les emplois proposés sur Jobdumping se glissent dans ces interstices : les employeurs cherchent des jardiniers pour tailler les haies, des peintres pour rénover des chambres, des monteurs de gaines d'aération ou des aides pour personnes âgées. Des emplois de services três peu valorisés dans l'économie allemande et pas toujours couverts par des accords de branche.

Jobs à 1 euro. Le gouvernement allemand essaie bien de combattre le chômage, en restreignant son systême d'assurance chômage avec le plan Hartz IV. En introduisant de la flexibilité. Avec, comme mesure phare, les "jobs à 1 euro" pour les chômeurs indemnisés. "Je vous assure qu'il vaut mieux chercher un boulot grâce aux enchêres inversées chez nous plutôt que de prendre un job à 1 euro, tranche Fabian Löw. Les statistiques ont montré qu'un chômeur pouvait au mieux espérer toucher 180 euros pour 900 heures de travail avec ce type d'emplois aidés."

En attendant d'être consacré sauveur de l'économie allemande, Jobdumping a décidé de se rebaptiser d'une maniêre moins "négative", en effaçant le mot "dumping" du libellé du site. On accédera bientôt aux enchêres par l'adresse lohnauktion.de, littéralement : "enchêres sur les salaires".

article original